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Comité Denis Diderot
Denis Diderot Committee
Chaînes russes sur Eutelsat : les imprécisions, erreurs et silences de Madame Berneke, Directrice générale d'Eutelsat
Le 23 février 2023, le site d'information boursière Boursorama a diffusé une intéressante interview (20 minutes) de Madame Eva Berneke, Directrice générale d'Eutelsat.
L'interview a porté sur la stratégie générale de l'entreprise, et notamment la fusion annoncée avec OneWeb, mais, pour la première fois, Madame Berneke a répondu au question d'un journaliste Julien Gagliardi sur la question de la diffusion des chaînes russes par Eutelsat. Le problème est que ni le journaliste ni la Directrice générale d'Eutelsat n'ont été très précis et ont, en quatre minutes, accumulé beaucoup de contre-vérités, ou de non-dits.
A 0'19", Gagliardi dit que l'impact des sanctions à l'encontre des chaînes russes sur le chiffre d'affaires a été de 15 millions d'euros. Le chiffre de 15 millions d'euros vient du communiqué d'Eutelsat du 22 décembre. Le problème est que ce chiffre (qui porte uniquement sur le deuxième semestre fiscal de l'entreprise) concerne les sanctions de l'Arcom contre les trois chaînes russes, mais aussi les sanctions prises le 12 décembre par l'Union européenne contre l'IRIB, le diffuseur d'Etat iranien, dont il ne sera jamais fait mention dans l'interview. Eutelsat n'a pas communiqué sur la ventilation des sanctions, mais il est probable que le poids économique des sanctions contre l'IRIB est beaucoup plus lourd que le poids des sanctions contre les trois chaînes visées par la décision de l'Arcom.
A 0'56", questionnée sur le fait qu'Eutelsat a attendu les décisions des autorités pour arrêter la diffusion de chaînes russes, Madame Berneke répond que cela a toujours été la politique de l'entreprise de ne pas intervenir dans les contenus diffusés et dans la fermeture des chaînes. Arrivée au 1er janvier 2022, Madame Berneke connaît mal l'histoire de son entreprise. A plusieurs occasions, Eutelsat a été accusée de manque de neutralité dans l'élimination de certaines chaînes et a même été condamnée le 16 novembre 2016 pour avoir abusivement cessé la diffusion de deux chaînes kurdes.
L'argument selon lequel l'opérateur n'est pas en mesure de vérifier le contenu des 7000 chaînes qu'il diffuse est exactement le même que ceux que les opérateurs de réseaux sociaux utilisaient avant que la réglementation ne finissent pas leur reconnaître une part de responsabilité dans la modération des contenus. On peut comprendre qu'un opérateur de satellites ne soit pas contraint de partager les vues de l'ensemble des chaînes qu'il diffuse, mais (surtout de la part d'un opérateur comme Eutelsat, ancien opérateur public, encadré par une convention intergouvernementale et dont l'Etat français est l'actionnaire principal) on pourrait attendre qu'il ne mette pas ses services à la disposition de chaînes d'Etats connus pour leur mépris des droits de l'Homme et, dans le cas de la Russie, du droit international. Comme le Comité Denis Diderot l'a montré, le contenu des chaînes dénoncées par RSF dans sa saisine de l'Arcom dépassait la simple propagande de régime mais proposait (et continue à proposer) de manière régulière des appels au meurtre, au génocide, des atteintes à la dignité humaine. Malgré ces évidences, Eutelsat a continué à plaider son droit à diffuser ces chaînes lors de l'audience au Conseil d'Etat du